Cigarette électronique : le point sur la situation aux États-Unis

Cigarette électronique : le point sur la situation aux États-Unis

Depuis le mois de septembre, la cigarette électronique est devenue le sujet d’une quasi-psychose généralisée aux États-Unis. Les autorités sanitaires du pays ont recensé le décès de 33 personnes et environ 1400 autres atteintes de maladies pulmonaires graves. Dans le même temps, le président Donald Trump souhaite suspendre la vente des e-cigarettes aromatisées, populaires auprès des jeunes Américains. Certaines villes comme San Francisco ont pris les devants et en ont interdit la vente sur leur territoire. À cela s’ajoute un rapport alarmant de l’OMS paru en juillet dernier déclarant la cigarette électronique comme nocive. Il n’en fallait pas moins pour jeter la confusion et le doute auprès du public. Faisons le point sur ce sujet très délicat.

La cigarette électronique est-elle moins dangereuse que le tabac ?

La fumée de tabac riche en goudron et monoxyde de carbone

 

Pour le Docteur Gérard Dubois, professeur de santé publique à la faculté de médecine d’Amiens et membre de l’Académie nationale de médecine, la toxicité sur le long terme de la cigarette électronique est nettement plus faible que celle de la cigarette habituelle à base de tabac (Les Échos, Vraiment tueuse la cigarette électronique ?, 20 septembre 2019).

La cigarette traditionnelle contenant du tabac doit être allumée avec une flamme pour être « consommée ». C’est la combustion du tabac qui produit la fumée inhalée par le fumeur. Cette ignition du tabac produit plusieurs substances extrêmement toxiques et mortelles pour l’organisme humain, dont le goudron, le monoxyde de carbone, ainsi que des métaux lourds tels que le cadmium, le mercure, le plomb et l’arsenic.

La nicotine est la substance présente dans le tabac responsable de la dépendance physique. À très haute dose, c’est un poison violent classé parmi les neurotoxines les plus dangereuses et mortelle pour l’homme. La quantité absorbée en fumant une cigarette classique ou une e-cigarette est bien en dessous de la dose létale, même pour gros fumeur.

Le goudron qui est à l’origine du cancer du poumon et le monoxyde de carbone qui provoque des infarctus cardiaques et des problèmes artériels n’existent pas dans la cigarette électronique. La vapeur inhalée d’une e-cigarette est le résultat d’un chauffage et d’une vaporisation, mais pas d’une combustion.

Peut-on en conclure que la cigarette électronique présente une toxicité inexistante ? Peut-être pas, mais elle est négligeable par rapport à la cigarette classique (Les Échos, Vraiment tueuse la cigarette électronique ?, 20 septembre 2019). La vapeur inhalée fait entrer dans les poumons du vapoteur des particules fines, dont des métaux comme le nickel et le plomb. Mais comme il n’y a aucune combustion, il n’y a pas de goudron et de monoxyde de carbone produit, les deux substances toxiques et mortelles liées à la combustion du tabac.

Les produits de bases que l’on retrouve dans les liquides à vapoter sont le propylène glycol et le glycérol. Consommées en inhalation, ces deux molécules ont un effet quasiment nul sur l’organisme. On note cependant un risque avéré d’irritation des voies respiratoires chez certaines personnes. Pour la petite histoire, le propylène glycol est utilisé depuis très longtemps pour produire de la fumée artificielle dans les concerts et les boites de nuit.

 

 

 

La faute à un usage détourné de l’e-cigarette

 

Le suspect, l’huile de THC

 

Cela fait presque dix ans que les e-cigarettes sont commercialisées au niveau mondial. Et puis tout d’un coup, le drame arrive, aux États-Unis, d’une façon rapide et brutale, mais heureusement localisée.

En France, l’Alliance contre le tabac est une association loi 1901, fondée en 1991 par le professeur Maurice Tubiana pour mettre en place des mesures de prévention du tabagisme. Dès que cette « épidémie » de décès et de malades de la cigarette électronique s’est déclarée, cette association a émis une alerte mondiale afin de rapidement cerner les autres cas ailleurs. Pour le moment, aucun cas de décès ou de maladie pulmonaire appelée syndrome de détresse respiratoire aiguë n’a été détecté ailleurs qu’aux USA (Le Point, Cigarette électronique : « il ne faut pas se tromper d’ennemi ! », 16 septembre 2019).

La conclusion des analyses des échantillons de liquides vapotés par les malades est sans appel et ne fait place à aucun doute : les personnes malades et décédées ont utilisé des recharges à base d’huile de THC, la substance active du cannabis, contenant de l’acétate de vitamine E. Le THC est le psychotrope le plus puissant et le plus présent dans le plant de cannabis, insoluble dans l’eau, mais soluble dans les solvants organiques comme les huiles.

Le détournement de l’usage de l’e-cigarette pour y mettre ce genre de recharges a des conséquences dramatiques sur les poumons. Le corps humain possède tout un arsenal de cellules immunitaires spécialisées appelées macrophages destinés à défendre l’organisme. Au niveau des poumons, ils interviennent dans l’élimination des corps étrangers que l’on respire. Dans le cas de l’e-cigarette au THC, ce mécanisme s’emballe et provoque une inflammation du poumon qui se remplit de sécrétion. Les alvéoles pulmonaires du vapoteur n’arrivent plus à oxygéner le sang correctement ce qui provoque ce syndrome respiratoire aigu.

Dans cette véritable épidémie américaine, aucun produit légal destiné à être vapoté n’est mis en cause, mais bien ceux qui sont vendus illégalement sur internet et dans la rue.

Et à une malheureuse séquence d’événements

 

Cette malheureuse affaire a été précédée par la publication fin juillet d’un rapport de l’OMS (OMS, L’OMS présente un nouveau rapport sur l’épidémie mondiale de tabagisme, 26 juillet 2019) déclarant la cigarette électronique comme incontestablement nocive pour la santé des utilisateurs.

Pour le professeur Gérard Dubois, la position de l’OMS est infondée et regrettable (Les Échos, Vraiment tueuse la cigarette électronique ?, 20 septembre 2019). Elle se base sur un rapport indépendant de 2014 qui n’a pas été remis à jour depuis 5 ans et qui balaye l’efficacité prouvée depuis lors de la cigarette électronique pour lutter contre le tabac.

Cette prise de position par l’OMS est dramatique et est considérée par plus de 80 % des tabacologues comme de la désinformation pure et simple alors que des études sérieuses font état de l’utilité incontestée de l’e-cigarette pour aider les gens qui cherchent à se défaire du tabac.

Toujours pour le professeur Dubois et la grosse majorité de ses confrères, la cigarette électronique est un produit de substitution à la cigarette contenant du tabac. Lorsque la première personne est malheureusement décédée aux États-Unis fin août, personne n’a relevé que pour cette même journée, 1500 fumeurs de la cigarette classique étaient décédés dans le pays, et 20 000 dans le monde.

Conclusion

 

Il est grand temps de remettre les pendules à l’heure. Utiliser une cigarette électronique avec des liquides à vapoter de qualités n’a pas d’équivalent à fumer une cigarette classique. En France, les huiles au THC sont interdites et les liquides pour e-cigarettes doivent être enregistrés six mois avant la mise en vente auprès de l’Agence nationale de sécurité sanitaire.

 

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